Robespierre (Maximilien), xénophobe

Robespierreest avocat àArras. Pour se faire élire député en1789, ilécrit un appel à la nation artésienne,dans lequelil attaque les fonctionnaires, l'administration centrale, et le fisc.
Evidemment, une fois élu, il sera parisien,centraliste et inventeur de nouveaux impôts. C'est ledébut d'une carrière d'incorruptible.

 

" A la nationartésienne" (Extraits)

Les majuscules et la ponctuation ontété conservées, la graphie aétérafraîchie par rapport à l'exemplaire que la BNF amisà disposition sur internet.

Démagogieà usage général :


        " Il est temps d'avertir la Nation Artésienne des pièges funestes dont onl'environne; il esttemps de l'inviter à réfléchir sur lesobjets quiintéressent le plusessentiellement son bonheur. Nous croyons qu'il n'en est pas de plusimportant pour elle, que de rappeler les États particuliersdecetteProvince aux véritables principes de leur Constitution ;&d'adopter de sages mesures, pour parvenir à cetteréformesalutaire ;& il nous semble que nous remplirons le devoir d'un bonCitoyen, endéveloppant ici toutes les raisons qui démontrentlanécessité de lapoursuivre, avec autant d'activité que depersévérance.

        Le véritable moyend'anéantir lesabus qui causent les malheurs publics est d'aller droit aux sourcesprincipales d'où ils découlent. Or lapremièresource des malheurs d'unPeuple, ce sont les vices de son gouvernement ; aussil'expérience nousprouvera elle bientôt que l'Artois doit attribuer la plupartdessiensaux vices qui ont dénaturé lavéritableconstitution des États à quison administration était confiée.

        Commençons par reconnaîtreces vices, en lesrapprochant des principes fondamentaux de notre droit public.
        Qu'est ce que des États Provinciaux? C'est l'Assemblée des Représentants de tous lesOrdresdes Citoyens,chargés de leurs pouvoirs, pour veiller, en leur nom, aumaintien deleurs droits, & pour présider àl'administration dela chosepublique. "

Sympathieenversle clergé

         Il résulte engénéral de tout ce quenous venons de dire, que les Membres du Clergé qui prennentséance auxÉtats, ne représentent en aucunemanière l'Ordredu clergé ! Et de queldroit a-t-on exclu les Curés, et tous les autresEcclésiastiques, la classe, sans contredit, la plus nombreuse, la plus utile de ceCorps, la plus précieuse par ces rapports touchans, quil'unissent auxbesoins et aux intérêts du Peuple ? (…)



Contrelesfonctionnaires

         "Qu'est-ce que la Chambre duTiers-Etat ? Une Assemblée des Députésnommés par les Corps Municipauxdes dix Villes de la Province. Mais ceux qui composent ces Corpsmunicipaux, qui les a nommés eux-mêmes ? Sont-celeshabitants desVilles ? Non. On leur a ravi ce droit sacré de choisireux-mêmes leursOfficiers, leurs Administrateurs particuliers ; droit aussi ancien quela Monarchie, & qui étoit fondé sur lesmœurset sur laconstitution des Gaulois et des Belges nos aïeux ; droit qui,aprèsquelques siècles d'oppression, nous avaitétérendu, aussi-tôt que lePeuple eut commencé à fouler un peu le joug de latyrannie féodale quil'accablait, comme le signal, le gage & la base de noslibertés :un Edit, un seul Edit dicté par le génie fiscald'unMinistre abhorré,a suffi pour nous l'enlever. (…)

          Ainsi donc, cesmêmesOfficiersMunicipaux, dont le pouvoir est une atteinte continuelle ànosdroits,qui n'ont même aucune qualité constitutionnelle&légale pouradministrer les Villes, se font de cette usurpation même, untitre pour s'emparer encore de l'administration de la province, àl'exclusion etau mépris de tous les Citoyens, qui tous y sontappelés,& quiseuls peuvent conférer le pouvoir d'y voter ! Eux qui, quandbien mêmeils seraient choisis par les Habitants des Villes, pour lesadministrer, n'auroient aucun droit de nous représenter auxEtatsGénéraux de la Province, puisque leurs pouvoirsseraientcirconscritpar l'objet & par la nature même de leur mandat, aurégime desCommunes qui les auraient élus.(…)

        Citoyens, considérez donc d'abord ladistance énorme qui sépare des Etats vraimentnationaux,de cescommissions inconstitutionnelles, qui osent usurper ce nom auguste."

Contrelacentralisation

         "N'est-il pas naturel que cesprétendus Administrateurs eux-mêmes, quiconnaissent leurfaiblesse,aiment mieux sacrifier insensiblement une partie desprivilègesde leurPays, à la crainte de voir anéantir cetteautorité, qui est devenue enquelque sorte leur propriété, ou, si l'on veut,audésir d'élever leurfortune particulière sur la ruine de leur Patrie ? Oui, n'endoutezpas, c'est par les vices monstrueux de cette constitutiondégénérée,que divers Pays d'Etats ont perdu successivement la plus grande partiede leurs privilèges, dès qu'il a plu auMinistèrede les attaquer ;&, sans m'écarter de notre Histoireparticulière, netrouvons nouspas une preuve frappante de cette vérité, dans cequis'est passé en1787, aux Etats d'Artois, lorsque les Ministres d'alors leurproposèrent d'ajouter, à la masse des chargesaccablantesquiécrasaient nos malheureux Citoyens, un impôt de300 000livres ? (…)

        Portez vos regards sur les tempsantérieurs ; & voyez avec quelle facilitéeffrayantevos privilègesont été sacrifiés successivement, enmoins d'unsiècle, aux caprices& à l'ambition des Ministres ; par la faiblesse devotreAdministration. Songez qu'en 1640, époque de votreréunion à laCouronne de France, les impositions de cette provinceétaientpresquebornées à ce qu'on appelle l'ancienne compositiond'Artois ; que vosCapitulations vous garantirent encore, de la manière la plussolennelle, la conservation de tous vos privilèges, dontl'undesprincipaux, fondé d'ailleurs sur les maximes essentielles detoutesociété humaine, consistait dans le droit de nepouvoirêtre assujettià aucune taxe, sans votre consentement exprès ;&voyez la masseépouvantable de vos impositions actuelles … Songezàcette detteénorme de huit millions cent vingt et un mille livres, quipèse surcette malheureuse province, si peu étendue, & quitrouve sipeu deressource dans l'industrie de ses Habitants ; sans que les exactionsles plus révoltantes du Gouvernement aient jamaiséprouvé le moindrerefus de la part des Administrateurs dociles qui osaient se charger deconsentir pour vous à votre propre ruine. "



Robespierre,indépendantiste artésien ?

" Ce quiétonnera encoreplus, c'est que cette Province paie les droits d'entrée etdesortieaux barrières de la Picardie, parce que, suivant le Code delaFerme,elle est réputée étrangèreau Royaume ; tandis qu'on la dépouille desfranchises dont nous venons de parler, quoiqu'elles lui soientassuréespar le même titre, de manière qu'on laconsidèrecomme étrangère, pourlui imposer de nouvelles charges, & qu'on lui ôtecettequalité,pour la priver des droits qui en étaient laconséquenceet ledédommagement. "


Des complots partout

 

        Robespierre estélu par la nationartésienne. Mais à Paris, plus question del'Artois. Iladhère au club jacobin et gravit les marches du pouvoir. Ildevient " l'Incorruptible ".
        Il entraîne les députés àvoter ledécret du 22 prairial sur les suspects. C'est ledébut dela Grande Terreur. En 10 mois, de septembre 1793 jusqu'à lachute du dictateur jacobin le 27 juillet 1794, la chasse aux suspects et auxétrangers va faire environ 40.000victimes. 17.000 victimes sont guillotinées. Les autres sontnoyées, fusillées, ou massacrées dediversesmanières, selon les directives locales du pouvoir et lesfantaisies des assassins.
        Robespierre est le père du républicanismefrançais.

        Les discours du grand homme se ressemblent tous. Il est facile de lescaractériser à partir d'une analyse lexicale.Plus de lamoitié des textes consiste en accusations,soupçons,insinuations. Dans le quart du reste, Robespierre se plaintd'être calomnié. Pour le reste, ce sont desformuleschocs, des enflures.

Lahaine desétrangers

La xénophobie estune des constantes de la pensée deRobespierre.

         " Est-ce dans le moment où vousn'avez pas assez de vertu, de sagesse & d'énergiepourdompter tousles ennemisextérieurs& intérieur de la liberté, que vous devezchercher à comprimer le zèle, l'effervescencemêmedu patriotisme ?Est-ce dans le moment où des traîtres s'agitent detoutesparts, quevous devez supprimez les comités de surveillance, lescomitésrévolutionnaires que le peuple, fatigué destrahisons, achoisi pourdéjouer les complots, & opposer une force active auxeffortsdel'aristocratie ? […]
        Je me résume, & je fais lespropositions suivantes : 1° Faireune loi qui bannisse les étrangers.2° Renvoyer au Comité de salut public àprésenter des mesures sur lessuites du décret d'arrestation prononcé contreune partiede sesmembres. 3° Sur le reste du projet de votre Comité,passerà l'ordre dujour. "
                                                                                                                          (8 juin1793)

         " Je medéfieindistinctement detous ces étrangersdont le visage est couvert du masquedu patriotisme,& qui s'efforcent de paraître plusrépublicains &plusénergiques que nous. Ce sont ces ardents patriotes qui sontlesplusperfides artisans de nos maux. Ils sont les agents des puissancesétrangères,car je sais bien que nos ennemis n'ontpas manqué de dire :Il faut que nos émissaires affectent le patriotisme le pluschaud, leplus exagéré, afin de pouvoir s'insinuer plusaisément dans nos Comités& dans nos assemblées ; ce sont eux quisèment ladiscorde, quirôdent autour des citoyens les plus estimables, autour deslégislateursmême les plus incorruptibles ; ils emploient le poison dumodérantisme& l'art de l'exagération pour suggérerdesidées plus ou moinsfavorables à leurs vue secrètes (…).

          Ce sont cesagents qu'il fautatteindre, c'est à eux qu'il faut parvenir endépit deleur art perfide& du masque dont ils ne cessent de se couvrir. Ces agentslàsontde tous les pays. Il y a des Espagnols, des Anglais, des Autrichiens ; il faut les frapper tous.Lamesure est rigoureuse, elle pourraatteindre quelques philosophes amis de l'humanité ; maiscetteespèceest si rare, que le nombre des victimes ne sera pas grand.D'ailleurs,cette espèce est si généreuse& si magnanime,qu'elle ne s'aigrirapas contre les mesures qui doivent assurer laprospéritéde la France,le bonheur du genre humain & de la terre même quileur adonné lejour, & où la tyrannie domine encore ".

(16octobre 1793)

         "Quelques petites violations deterritoire, des chicaneries inutiles et minutieuses, des injuresgratuites insérées dans les journaux, uneintriguetrès active, dontles principaux foyers sont Genève, le Mont-Terrible, etcertainscomités ténébreux qui se tiennentà Paris,composés de banquiers,d'étrangers etd'intrigants couverts d'un masque depatriotisme, tout aété mis en usage pour les détermineràgrossir la ligue de nos ennemis."

(Discoursprononcé à la Convention le 27 brumaire an II,(17décembre1793)

" Les étrangersont paru quelquetemps les arbitres de la tranquillité publique. L'argentcirculait oudisparaissait à leur gré. Quand ils voulaient, lepeupletrouvait dupain ; quand ils voulaient, le peuple en étaitprivé ;desattroupements aux portes des boulangers se formaient & sedispersaient à leur signal. Ils nous environnent de leurssicaires,& de leurs espions. "

(Prononcéà la Convention le 25 décembre 1793)

" Vous apercevez d'unseul coupd'oeil tout le système de conspiration qui sedéveloppe ;vousdistinguez les étrangerscherchant, par le moyen de certains fripons, àressusciter le girondisme. "

(8janvier 1794)

" Je demande que lasociété, au lieude s'occuper d'un objet particulier, s'occupe au contraired'étouffertoutes les factions & particulièrement celle de l'étranger."

(19mars 1794)

" Il estindifférent pour l'étrangerque l'une ou l'autre des deux factions triomphent.(…). L'étrangerdoit protéger toutes ces factions sans s'attacheràaucune. Que luiimporte qu'Hébert expie ses trahisons surl'échafaud,s'il se trouveaprès lui d'autres scélérats quiveulent perdre laRépublique, &égorger tous ceux qui ont combattu constamment contre lestraîtres& les tyrans. Tous ces scélératsligués avec l'étranger,comptentpour rien la République. "

(21mars 1794 – 1er germinal An II)

" Ce qui nousintéresse est desavoir si tel est un conspirateur, s'il a jeté dans lasociété civiledes ferments de discorde pour détruire laliberté, en unmot s'il a étéattaché à la faction de l'étranger."

(15mai 1794 – 26 floréal An II)

         " Il ya deux peuples en France.
        L'un est la masse des citoyens,pure, simple, altérée de justice et amie de laLiberté : c'est cepeuple vertueux qui verse tout son sang pour fonder laRépublique quien impose aux ennemis du dedans et ébranle lestrônes destyrans.
        L'autre est ce ramassis d'ambitieuxet d'intrigants, c'est ce peuple babillard, charlatan, artificieux, quise montre partout, qui persécute le patriotisme, quis'emparedestribunes et souvent des fonctions publiques ; qui abuse del'instruction que les avantages de l'ancien régime lui ontdonnée, pourtromper l'opinion publique ; c'est ce peuple de fripons, d'étrangers,de contre-révolutionnaires hypocrites, qui se place entre lepeuplefrançais et ses représentants, pour tromper l'unetcalomnier lesautres, pour entraver leurs opérations, pour tourner contrelebienpublic les lois les plus utiles et les véritésles plussalutaires.

     Tant que cette raceimpure existera,la République sera malheureuse et précaire, C'està vous de la délivrerpar une énergie imposante et par un concertinaltérable.
      Ceux qui cherchent à nous diviser,ceux qui arrêtent la marche du gouvernement, ceux qui lecalomnienttous les jours près de vous par des insinuations perfides,ceuxquicherchent à former contre lui une coalition dangereuse detouteslespassions funestes, de tous les amours-propres irascibles, de tous lesintérêts opposés àl'intérêtpublic, sont vos ennemis et ceux de laPatrie ; cesont les agents del'étranger. "

(Discoursdu 26 mai 1794)

         "Quand l'énergie républicaine eutconfondu ce lâche système &fondé ladémocratie, l'aristocratie& l'étrangerformèrent le plan de tout outrer & de toutcorrompre. (…)

        Que voulaient-ils ceux qui, ausein des conspirations dont nous étionsenvironnés, aumilieu desembarras d'une telle guerre, au moment où les torches de ladiscordecivile fumaient encore, attaquèrent tout-à-couptous lescultes par laviolence, pour s'ériger eux-mêmes enapôtresfougueux du néant, &en missionnaires fanatiques de l'athéisme ? Quelétait lemotif decette grande opération tramée dans lesténèbres de la nuit, à l'insu dela Convention nationale, par des prêtres, par des étrangers& pardes conspirateurs ? "

(Discoursdu 7 mai 1794)

" Je suis loin d'imputerles abusàla majorité de ceux à qui vous avezdonné votreconfiance ; la majoritéest elle-même paralysée et trahie ; l'intrigue et l'étrangertriomphent. "

(Dernierdiscours, 8 thermidor an II)


Source : ContreCulture

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