Nous sommes, et nous ne sommes pas les seuls- les Niçois connaissent le même sort soumis à une politique d’acculturation et d’assimilation. Notre langue, c’est à dire l’expression de notre personnalité nationale distincte compte pour peu aux yeux de l’Etat français : dans le meilleur des cas on la tolère, dans le pire on cherche a la faire disparaître. Le résultat ? Elle est en train de crever. Plus d’un million de locuteurs en 1940, a peine 250 000 aujourd’hui, pour la plupart âgés. Pourquoi ? Car le maximum que la France pourra consentir à faire est de la rabaisser au rang de « langue régionale » c’est-à-dire de la promettre au musée. Langue régionale est une formule de rhétorique qui est pour nous un piège. Elle ne vise qu’a justifier la discrimination par rapport à la seule chose « vraiment sérieuse » pour l’Etat français, c’est à dire la langue de la République. J’en profite pour le dire, dès qu’on y réfléchit deux minutes cette expression est ridicule. Les régions de programme- aussi artificielles que les départements- ont été crées en 1972, remettant au goût du jour un découpage arbitraire de 1941. Soit treize siècles après l’émergence du breton ! S’il était une variante "régionale" de quelque chose, le Breton serait une variante du Gallois et du Cornique!
Adsav se bat pour que la société bretonne puisse renaître, non pour que le Breton soit relégué au statut de "langues régionale", c’est à dire d’objet de folklore. Notre but n’est pas de quémander un petit panneau bilingue par ici et par là, et d’avoir dans trente ans 1% des Bretons qui parlent leur langue. Je rappelai que l’apprentissage du breton progresse actuellement de 15% par ans. 0,7% de la population est scolarisée en Breton. Pour que seulement 5% des enfants soient scolarises il faudrait 1000 enfants de plus pendant 28 ans, et ouvrir 40 classes par ans pendant 25 ans. La France n’ira jamais aussi loin que cela…
Le Breton proposé à toutes les familles dans toutes les écoles (87% des bretons sont favorable à son enseignement)? Inconcevable. Une radio ou une télévision, des journaux en Breton comme en ont les Catalans ou les Gallois? Toutes les initiatives ont été torpillées, ce fut récemment le cas de TV Breizh. Sans même parler de pouvoir être jugé dans sa propre langue. Soyons clairs : toutes les initiatives (signalisation, banques, rayons des supermarchés etc.) sont des initiatives émanant de collectivités bretonnes ou d’entreprises privées.
Car au-delà de la lettre des textes il y a la dynamique des interprétations et des jurisprudences qui peut aller très loin. J’ai la conviction qu’en France, terre de liberté, aucune minorité n’est opprimée et qu’il n’est donc pas nécessaire de donner à des juges européens le droit de se prononcer sur un sujet qui est consubstantiel à notre identité nationale et n’a absolument rien à voir avec la construction de l’Europe. »
Nicolas Sárközy, discours Besançon (13/03/07)
En matière de langue les choses sont claires seul un état qui se donnerait les moyens d’une vraie politique linguistique pourrait renverser la vapeur. Et c’est possible ! En consacrant 2% de leur budget, les Basques (du côté espagnol de la frontière, bien entendu) ont fait progresser la pratique de leur langue de 20% à 30% au cours des dix dernières années. La France a comme priorité de financer des animateurs bidons dans des quartiers sensibles. Nous, nous préférerions sauver notre langue.