La gauche laïque et républicaine française anti-bretonne…

  Il existeen France une tradition politique fortementenracinée, qui part des sans-culottes de 1789, passe par lesblanquistes auXIXème siècle, traverse le Parti CommunisteFrançais au XXème siècle, ets’exprime aujourd’hui dans la gauche ditelaïque et républicaine. Cette gauchetrouve son origine, non pas vraiment dans Robespierre et les Jacobins,maisdans les Hébertistes de 1789-1792 : populistes,antireligieux, antiprovinciaux, cocardiers. Aux sièclessuivants, le fil rougeen est la Libre Pensée.

        En Bretagne, comme dans beaucoup derégions ou de colonies,la gauche est plutôt une gauche de solidarité.Elle s’est exprimée, nonseulement par la revendication sociale, mais aussi par lacréation decoopératives et de sociétésmutualistes. Plus des deux-tiers du marché bancairebreton est dans les banques mutuelles, et notre agro-alimentaire estdominé parles coopératives. Cette particularité se prolongeaujourd’hui dans les réseauxassociatifs, les grands festivals conviviaux et les organisationsde solidarité,particulièrement nombreux chez nous.

         La traditionfrançaise de gauche laïque est moins une gauchede partage que de dépossession. Sous la bannièrede « la patrie endanger », que Blanqui a reprisd’Hébert, l’envieux prend volontiers lemasque du justicier. Les sans-culottes voulaientdéposséder les accapareurs.Les blanquistes en voulaient aux Juifs. Le Parti Communiste aux 200familles.Aujourd’hui, leurs descendants sontparticulièrement indulgents pour le secteur public, qui constitue l’armature deleur Moloch. Mais ils ne comprennent toujoursrien à la création de richesse qui se faitmystérieusement dans le secteurprivé.

        La démocratie ne peut existersans identité personnelle etcollective. Eh bien, ils combattent aussi la revendication identitaire.Ils n’yvoient que turpitudes, subversions étrangères etnon-conformités régionales. Ladépossession des trop riches de sensibilité, delangues ou de cultures est poureux une démarche citoyenne.

         EnFrance, plus on idéalise la dépossession (desautres)comme remède aux problèmes sociaux, plus on està gauche et plus on est laïc.Pour être admis dans cet univers, il faut adopterd’étranges croyances. Ainsi,ils professent qu’il est vital pour la Républiqued’empêcher les poules auxœufs d’or de produire et de se reproduire. Elle nesont destinées ni àl’élevage intensif ni àl’élevage bio, mais àl’abattoir.

        La tradition du nivellement citoyen parl’appauvrissementmatériel, spirituel et culturel existe sous une forme chimiquement puredans la Libre-Pensée.Elle existe sous une forme comestible, édulcoréeà l’aspartame électoral, dansla gauche et l’extrême-gauche laïque etrépublicaine. Les ouvrages de ZeevSternhell ou de Marc Crapez ont amplement montré lesorigines ainsi que lespenchants douteux de ce que Crapez a nommé la gaucheréactionnaire.

        Lapensée expropriatrice a besoin d’un outild’expropriation. C’est idéalement larévolution sociale, mais c’est toujours,plus concrètement, l’Étatcentralisé. Pour que cela fonctionne, il faut que les dépossédéspotentiels soient emprisonnés dans les frontièresde l’Hexagone.Malheureusement pour les rejetons du Père Duchesne,les fortunes sont devenues nomades. Laculture bretonne a l’humeur vagabonde et navigue dans desréseauxinterceltiques. Les poules aux œufs d’or sontdevenues des oies sauvages.

       La Bretagne, qui a largementvoté à gauche lors desdernières élections présidentielles,sauvera t’elle la gauche française ?Espérons que non. Elle devrait s’aligner, et doncs’appauvrir. Elle y perdraitce qui fait son succès : ses élans, sescroyances, son langage. Elle amille fois plus à gagner en étantrépublicaine comme les insurgents américainsou à la manière irlandaise, plutôt quede tomber dans la tradition française.

      Ségolène Royal affirmait récemmentqu’il fallait "réinvestiret actualiser les mythes hérités dupassé". Elle en rajoute sur lenational-chauvinisme : "l’oubli du sentimentnational se trouve aucoeur du mal-être français" ; "le drapeaun’appartient pas auFront national, pas plus que La Marseillaise". Pour MalekBoutih,secrétaire national aux questions desociété, il n’existe "qu’une seuleFrance". Ce ne sont pas les pires, mais on voit parlà que lenivellement d’école primaire est la seule planchede salut à laquelle s’accrochentnos naufragés. Ils nous parlent de Sixièmerépublique et rêvent d’un retour à la Troisième. Les discours boulangistes,antidreyfusards, traîne-sabres ettaxis de la Marne se portent bien à gauche par les temps quicourent.

     La gauche laïque et républicaine ne nousveut pas de bien.Elle est égoïste, expropriatrice etmécaniquement anti-bretonne.Laissons-la s’étouffer sousl’édredon de ses vieilles certitudes.

 

JPLM
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